mardi 16 janvier 2007

Le cinquième

10h35, dans le métro, ligne orange, direction Henri-Bourassa. Une femme, mi-vingtaine, mange avec application un pudding au chocolat sans cuillère, collant sa langue sur les parois translucides du gobelet. Elle ne manifeste pas l'empressement de ceux qui ont faim; elle déguste doucement, conscienceusement. Elle ne cherche pas à provoquer l'indignation des autres passagers; elle n'a visiblement pas conscience de l'impolitesse de son geste. J'assiste, impassible, à son péché de gourmandise.

3 commentaires:

Maïa a dit...

Je me rends compte que j'ai encore trop de mal à remarquer l'ordinaire. Si j'ai noté cette scène, c'est parce qu'elle m'a frappée. D'entre tous les passagers de la rame de métro, ceux qui lisaient le journal, ceux qui somnolaient, ceux qui attendaient leur station les yeux dans le vide, j'ai choisi de relater l'histoire de cette femme dont le comportement m'intriguait. Est-ce parce que mon regard n'est pas encore assez entraîné, ou parce qu'une narration doit nécessairement porter sur un événement qui présente, du moins aux yeux de l'observateur, quelque chose de remarquable? Je n'arrive pas à décider.

brunette a dit...

oui, je me pose la même question. On est aux aguets. Mais c'est en forgeant...

Maïa a dit...

brunette > oui, c'est bien possible. peut-être qu'après avoir épuisé le "remarquable", on en viendra à voir aussi ce qui ne l'est pas.

 
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