vendredi 19 janvier 2007

Un taxi dépose un vieux devant une résidence de vieillesse. Les pas qu’il prend pour s’approcher du bâtiment sont courts, hésitants. Sa tête pend vers l’avant, comme si le poids en était insupportable pour sa nuque. Il s’avance, ne voyant rien que la neige, ses propres pieds et le bout de sa canne. Soudain, les pas tremblants s’arrêtent. Son corps reste, il me semble, figé, lorsque sa canne s’enfonce, violemment, dans une flaque gelée devant lui. Il la frappe, encore et encore, chaque coup cassant un peu plus la surface fragile. Je reste immobile, moi aussi frappée, derrière lui. Incapable de voir son visage, je me demande ce qui pourrait y paraître : peut-être efface-t-il, de coups incertains, l’image reflétée d’une vieille figure dégoûtée et enragée ou sourit-il tel un enfant qui prend tout simplement de la joie à entendre craquer de la glace. Il est également possible que son visage n’enregistre aucun indice d’émotion, qu’il casse la glace juste pour repousser de quelques minutes son entrée dans la maison de retraite.

2 commentaires:

Maïa a dit...

J'adore le glissement sémantique de frapper (sur la glace) à (être) frappée. La proxomité des deux sens donne d'autant plus de force au second. C'est très bien joué, Firenze, j'adore.

Maïa a dit...

proximité, hein, c'est bien ce que je voulais dire...

 
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